Faune et Flore

Une demoiselle

Roseaux

— Semence éternelle —

Histoire de la vie qui traverse les âges et les univers, sans mémoire, sans volonté,

juste l’élan d’exister.

«Auteur»

Tortue de Floride

Chapitre I — La poussière née des étoiles

Il y avait une planète. Bleue, chaude, vivante.

Des milliards d’années de fermentation.

Les acides aminés s’emmêlent, s’enroulent, s’organisent.

La vie éclot.

Elle ne pense pas. Elle pulse, elle rampe, elle divise, elle se transforme.

Elle devient forêt, chair, crocs, coquilles et algues. Elle dévore et s'accouple, elle lutte et elle engendre.

Le temps passe. Les soleils vieillissent. Les planètes s’éteignent. L’univers s’affaiblit.

Mais la vie, elle, prospère encore.

«Auteur»

Arbres d’automne

Chapitre II — L’écharde stellaire

Un astéroïde géant s’écrase sur cette planète vieillissante.

Il projette dans l’espace des éclats de roche,

certains portent, dans une crevasse gelée, une microgoutte de matière organique.

Un frisson de vie.

Pendant des milliards d’années, ces astéroïdes errent.

Ils frôlent des étoiles, esquivent des collisions.

Et puis — ils tombent.

Vers un soleil, une planète… ou un gouffre noir.

Un trou noir ancien, silencieux, qui a déjà avalé mille mondes.

«Auteur»

Ragondin au port d’Auxonne

Chapitre III — La traversée

Quand l’un de ces astéroïdes franchit l’horizon des événements, il ne sait rien.

Mais dans la matière gelée, des molécules de carbone et d’azote frémissent.

Compactées, distordues, écrasées par la gravité extrême… elles tiennent bon.

À l’échelle quantique, l’information persiste.

Car la génétique est un langage.

Un poème fractal, écrit dans la matière elle-même.

Un motif codé dans la courbure du réel.

Et quand l’univers se plie, l’information glisse à travers les mailles fine de l’espace-temps.

Et ressort ailleurs.

«Auteur»

Cygnes

Chapitre IV — La rosée du nouveau monde

Ailleurs dans un autre univers, tout jeune, un monde rocheux se forme.

Il pleut de l’eau. Il tonne du feu.

Quelque part : une planète. Bleue, chaude, bientôt vivante.

Des milliards d’années de fermentation.

Les acides aminés s’emmêlent, s’enroulent, s’organisent.

Ils s’harmonisent avec des particules d’information venues d’un autre monde.

La vie éclot.

Elle vient de loin. Sans mémoire. Sans intention.

Mais elle est là.

Un motif d’organisation atomique, transporté par le saut quantique d’un trou noir.

Elle s’assemble. Elle vibre.

Elle vit.

Une nouvelle soupe. Un nouveau berceau.

Et la vie repart.

«Auteur»

La Seille, un affluent de la Saône

Chapitre V — La vie ne se souvient pas, mais elle continue

Les créatures de ce nouveau monde ne sauront jamais.

Mais leurs structures internes, leurs cycles, leurs acides, leurs pulsations sont l’écho muet d’un monde mort depuis des éternités.

La vie ne se souvient pas…

Mais elle se perpétue.

Car ce n’est pas la mémoire qui sauve l’univers.

C’est la forme.

C’est l’organisation.

C’est la volonté brute d’exister, gravée dans la matière.

«Auteur»

Chatons

Épilogue — À travers les gouffres

Ainsi, la vie sauvage traverse les âges.

Pas avec des vaisseaux.

Mais avec des spores et des éclats, propulsés par le chaos.

Elle passe par les tunnels noirs de la mort cosmique,

et renaît dans les brumes rouges des univers enfants.

Elle n’a pas besoin de comprendre.

Elle est.

Comme nous sommes.

«Auteur»

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